Des démarches de gestion en commun pour une démocratie réelle et vivante
1999
Dans cet éditorial, l’auteur propose de remettre le lien entre les hommes au cœur du projet de société, d’où l’importance de replacer les hommes, citoyens, élus ou chefs d’entreprise, en condition d’exercer leurs responsabilités vis-à-vis de la communauté…
La France va mieux nous disent les médias : le moral des ménages et leur tendance à consommer sont en hausse ! Mais, sur une part croissante du territoire, l’insécurité se développe, le nombre de suicides de jeunes ne cesse d’augmenter, le cortège des exclus économiques, des exclus scolaires grossit. Les actes de violence se multiplient, tout comme les procès en tout genre et à tout propos qui font de tout détenteur d’une parcelle de responsabilité un coupable potentiel de n’importe quel incident.
Sommes-nous vraiment incapables de prendre conscience que notre société évolue vers une forme déjà connue pour avoir généré ailleurs ce type de symptômes ? Est-ce vraiment cela que nous voulons ou ne sommes-nous capables que de la subir ?
Tout concourt à rompre les liens directs entre les hommes et c’est là la source du mal : les familles sont éparpillées, l’extrême spécialisation et donc le fractionnement caractérisent les activités professionnelles, le poids croissant des procédures cantonne les acteurs des territoires dans une dépendance vis à vis d’en hautes. La rationalité administrative se substitue partout au bon sens et à l’expérience de vie des hommes. La mort annoncée des communes n’en est-elle pas une illustration patente ? Comment oser parler de démocratie lorsqu’on en supprime la forme d’expression la plus basique et que se dilue la responsabilité des individus vis-à-vis de la communauté ? Aurait-on oublié que toute personne doit pouvoir s’assumer personnellement et se responsabiliser pour vivre en société ?
Il nous paraît essentiel de mettre en évidence qu’il n’y a pas de fatalité, qu’il y a aussi d’autres voies que celle des solutions techniques à des problèmes qui ne le sont pas.
Ce numéro 11 de la Lettre vous présente des démarches qui visent à replacer les hommes, en tant que citoyens, élus ou chefs d’entreprise, en condition d’exercer leurs responsabilités vis à vis de la communauté ; en se mettant en position de négocier et de construire ensemble leur avenir, ils réussissent ce que ni chacun, ni l’Etat ne peut réaliser seul.
Je suis certain que c’est en facilitant ces démarches de gestion en bien commun, en libérant les énergies des hommes, que la facture sociale que tous déplorent sans jamais imaginer une autre solution que technique, se résorbera. C’est ainsi que nous recréerons les bases d’une démocratie réelle et vivante dans notre pays.