Œconomie et territoire, deux retours aux sources pour nous projeter dans le 21e siècle
2009
Dans cet article, l’auteur nous invite à revenir aux sources de « l’économie », c’est à dire à l’oeconomie comme l’art de penser les relations entre les choses et entre les hommes. Pour l’auteur, ce retour à l’oeconomie est évidemment complémentaire d’un retour au territoire, échelle d’organisation du développement économie et social, mais aussi et probablement surtout parce que l’économie réelle repose sur la confiance, dont le territoire est l’un des îlots.
Jusqu’au milieu du 18e siècle ce n’est pas le mot économie qui était utilisé pour désigner ce que l’on entend aujourd’hui par ce terme, l’organisation collective du système de production et d’échange qui lie les hommes et femmes entre eux et nous relie à la planète. C’était le mot œconomie.
Comme le dit fort bien le fameux botaniste Karl Von Linné (1707-1778) dans son livre intitulé Principes de l’œconomie, publié en 1752, l’œconomie, c’est « l’art de préparer des choses naturelles à notre usage, l’art de tirer parti de tous les biens de la nature ». Les « lois de l’œconomie » auxquelles il fait allusion dans son livre ne sont pas ce que nous entendons aujourd’hui sous ce terme et ce qui est enseigné sur les bancs de l’université : le fonctionnement des marchés, la substitution du capital au travail ou encore de la théorie de la monnaie. Dans un monde encore largement dominé par la production agricole, l’œconomie est l’art de tirer parti de la nature ou, comme on le disait à l’époque, l’art d’être « ménager de la nature ». Notre connaissance des lois physiques ou, comme on dirait maintenant, des écosystèmes, est le moyen pour chaque peuple de tirer parti au mieux des ressources propres à chaque contexte et à chaque pays. Plus d’un siècle plus tôt, le Français Antoine de Montchrestien (1575-1621) avait écrit en 1615 un Traité de l’œconomie politique, défini comme « l’art de gérer et les hommes et les choses ». Il parle même de « mesnagerie publique » d’où va dériver aussi bien l’expression « économie ménagère » que le terme moderne de management. L’œconomie est alors l’art de penser les relations entre les choses, les relations entre les hommes.