L’avenir de l’agriculture fait actuellement l’objet de toutes les attentions : nouvelle Politique Agricole Commune en Europe, loi de modernisation en France. Les attentes à chaque fois sont multiples : nourrir les populations, entretenir et animer nos espaces ruraux, préserver notre environnement. Produire plus et mieux, lier filière et territoire, être doublement performant, voilà les défis à relever. Mais comment faire ?
« Depuis plusieurs années, scrutin après scrutin, nous constatons une forme de radicalisation dans le vote rural et une montée des extrêmes. Cette évolution interroge, inquiète souvent. Elle porte en tout cas un message qu’il convient de mieux comprendre sans le simplifier à un mouvement d’humeur persistant.
Alors que se prépare déjà les prochaines élections municipales, il nous a ainsi semblé utile d’apporter quelques éclairages sur ce phénomène, symptôme sans doute d’une crise plus profonde ».
Le lien entre finance et territoire est devenu un sujet de préoccupation majeure ces dernières années. Depuis la crise des subprimes en 2007 et la faillite de Lehman Brothers en 2008, les crises s’enchaînent par rebonds successifs, toujours plus importantes, toujours plus violentes, des marchés aux banques, des banques aux Etats, des Etats aux sociétés. Il faut bien l’avouer, la plupart d’entre nous découvrent une machine devenue infernale : une finance satellisée par rapport au monde réel ; on parle désormais d’un rapport de 1 à 10 entre l’économie financière et l’économie réelle.
L’effroi est d’autant plus fort que les solutions apportées semblent chaque fois insuffisantes ou timorées : nous assistons à un enchaînement des plans de sauvetage en Europe sans forcément voir le bout du tunnel et au-delà des discours, on peut effectivement s’interroger sur notre capacité à réguler la finance à l’échelle mondiale.
Dans ce contexte, les territoires, en particulier les territoires ruraux, risquent bien d’être emportés par ses ouragans financiers. D’abord, peut-être, parce que la ressource « terre » devenant une denrée rare sur notre planète, ils pourraient devenir des actifs attractifs pour les spéculations financières.
221 millions d’hectares de terres auraient déjà été acquis par des fonds d’investissement depuis 2011 soit 15 % de la surface cultivée dans le monde. Ensuite parce que les marchés agricoles financiarisés fragilisent globalement l’économie agricole. Ayons pour exemple ce chiffre en tête, 200 fois la production annuelle de blé s’échangerait aujourd’hui sur les marchés financiers. Enfin, parce que, pour rester compétitive, les activités économiques chercheront à s’agglomérer pour trouver des économies d’échelle ou chercher des synergies, bref à aller dans les métropoles urbaines. Or, la finance est nécessaire à l’économie pour, notamment, fournir de la trésorerie, couvrir les
risques, financer le capital de départ. Alors peut-il y avoir d’autres chemins possibles ? Sommes nous définitivement montés dans un train lancé à grande vitesse, désormais sans réel conducteur, et qui nous dirige vers un précipice ?
Nos 21èmes Assises, le 4 octobre dernier, ont cherché à montrer des voies porteuses d’avenir, nouvelles ou plus anciennes, où le couple finance et territoire reprend du crédit. Je vous invite alors à découvrir ou redécouvrir les exposés et témoignages de cette journée sur notre site Internet.
Nous vous proposons dans cette Lettre de prolonger le débat et de pouvoir apprécier les points de vue d’auteurs et d’acteurs du monde de la finance et des territoires tels que Frédéric Lobez, professeur à l’Université Lille 2, Amélie Artis, chercheuse à Science Po Grenoble, Wojtek Kalinowski, sociologue et historien de l’Institut Veblen et enfin Jean-François Laurain, Directeur Général Exécutif d’Unigrains.
Avec ce premier éditorial en tant que nouvelle Présidente de Sol et Civilisation, je souhaite également remercier de nouveau Michel Ledru qui, tout au long des 8 dernières années, a eu le sage souci de garder notre association ouverte aux hommes et aux idées.
Notre projet conserve dès lors toute son acuité : être un lieu indépendant de rencontres, de réflexions et d’intervention pour promouvoir et faciliter, depuis les milieux ruraux, un développement fondé sur le rôle de l’homme acteur des territoires et gestionnaire du vivant.
Dans ces temps de crises, ces moments où tout change, il convient de voir le monde différemment pour créer du nouveau.
Je reste convaincue que Sol & Civilisation, à son échelle, y contribuera.
Je vous souhaite une bonne lecture.
Anne-Claire Vial, présidente de Sol et Civilisation
Voici la cinquantième Lettre de Sol & Civilisation.
« Cette publication qui accompagne nos travaux depuis 1996, au fond ocre très reconnaissable, a trouvé progressivement sa place. Elle est aujourd’hui diffusée à plus de 4500 exemplaires à rythme trimestriel. Elle connaît depuis peu une autre vie sur notre site Internet où certains numéros sont téléchargeables et où bientôt l’ensemble des articles publiés seront regroupés dans une base documentaire multi-thématique.
Raymond Lacombe, notre président fondateur, formait le voeu dans ses premiers éditoriaux que notre Lettre puisse être un espace ouvert aux idées et aux expériences, une espace de débat sur la ruralité, les territoires et plus globalement une réflexion à visée humaniste sur l’évolution de notre société. Cette société, nous disait-il, « dans sa marche forcée toujours plus rapide, déstabilise les groupes et les individus. La peur du lendemain, le risque de la perte de son emploi, les entreprises sur le qui-vive… tout cela crée un climat d’inquiétude et d’interrogation sur l’avenir. Il est nécessaire de redonner des perspectives. La place de l’homme, de sa responsabilité, de son rôle social et convivial doit, pour ce faire, revenir au centre des débats ». C’est, avec cette ambition, que près de 250 articles ont été publiés
depuis ; ce sont plus de 150 auteurs qui ont ainsi participé à ces débats livrant leurs réflexions, analyses et témoignages. Qu’ils en soient tous remerciés. Dans cette période de débat démocratique où chacun cherche à proposer un chemin pour l’avenir de notre pays, nous avons souhaité saisir l’occasion d’un numéro spécial pour réaffirmer nos fondamentaux et remettre en perspective quelques textes qui ont marqué nos colonnes. Nous reviendrons ainsi dans les pages qui suivent sur des thématiques qui nous semblent importantes : la place du rural et de l’agriculture dans nos sociétés, le développement économique et la vie démocratique dans nos territoires. Nous espérons, ce faisant, éclairer des débats essentiels pour demain comme la nature du développement, l’organisation de nos territoires, la subsidiarité dans les niveaux de responsabilité. Ces thèmes me semble-t-il répondent en effet à trois grands enjeux que je voudrais, en guise d’introduction, souligner.
Il y a d’abord un enjeu rural. En France, l’opposition entre le rural et l’urbain semble aujourd’hui à première vue largement dépassée. Nous vivons dans une société de plus en plus intégrée où une grande partie de ce qui faisait la spécificité de ces espaces est en train de
s’atténuer. Les modes de vie sont désormais proches et nos territoires sont davantage interconnectés. Il n’en reste pas moins que s’exprime depuis quelques années un intense « désir de campagne ». L’exode urbain, la périurbanisation – phénomènes majeurs de la
dynamique démographique actuelle – sont certes encouragés par des logiques économiques (prix des logements moins chers) et sont favorisés par une capacité de mobilité accrue mais ils révèlent, me semble-t-il, un besoin profond pour chaque individu de se relier de nouveau au vivant, de retrouver des horizons, de sentir le temps des saisons, bref de retrouver la terre pour ne pas se perdre dans un monde de plus en plus artificiel. Je reste convaincu que l’homme ne pourra durablement vivre et s‘épanouir ni en « hors sol » ni hors du temps réel. Le territoire rural reste, de ce point de vue, un point d’ancrage et de relations fondamental. Trop souvent encore, l’espace rural est vu comme une réserve foncière des aires urbaines, il est temps de positiver sa différence et de mieux penser sa complémentarité avec la ville.
Il y a ensuite un enjeu territorial. Face aux crises économiques, politiques et environnementales qui secouent notre planète, nos états et nos communautés, le territoire apparaît comme un espace de projets d’avenir pour agir à la bonne échelle. C’est d’abord
un lieu d’innovation collective où peuvent être mis en synergie des entreprises et des projets, c’est aussi un espace pour agir ensemble notamment autour des problématiques des ressources naturelles qui demande à diverses parties prenantes de s’associer plutôt que de
s’ignorer, c’est enfin un lieu de respiration démocratique où peuvent s’articuler positivement démocratie participative et démocratie représentative. Au-delà du développement local, qui fait du lieu un creuset pour se différencier, le développement territorial qui est plus large apparaît donc de plus en plus comme un espace « médian » stratégique entre le local et le global, un noeud dans un système de relations toujours plus complexes pour favoriser un développement équilibré. C’est donc l’ambition du développement territorial que de
conjuguer développement économique, progrès social et gestion de l’environnement. Il doit résolument être encouragé.
Il y a enfin un enjeu de civilisation. Nous vivons simultanément des mouvements contraires qui peuvent se détruire l’un l’autre : la liberté individuelle et les exigences collectives, le local et le global, l’unité et la diversité, l’économie et l’environnement. Comment conjuguer
positivement ses forces plutôt que de les subir ? Les territoires ruraux, par leur nature même, par les hommes qui les animent, les projets qui les irriguent sont souvent aux avant-postes de cette ambition. Il est dommage que ces derniers soient alors vus comme de simples espaces récréatifs à entretenir. Mieux accompagner les expérimentations territoriales en milieu rural pourrait ainsi davantage inspirer nos sociétés en recherche de durabilité. L’Europe et la France ont la chance d’avoir un immense espace rural vivant, c’est leur identité, cela peut être une force dans la mondialisation, pour peu qu’elles en fassent un véritable atout de développement. »
Michel Ledru, président de Sol et Civilisation
« Sol & Civilisation vient de fêter ses 20 ans. Il y a 20 ans, le 29 septembre précisément, « le Dimanche de Terres de France », lançait effectivement, dans une rencontre enthousiaste entre ruraux et urbains, notre aventure associative.
Nos fondateurs, Raymond Lacombe, Gérard de Caffarelli, Henri de Benoist, Jean Dupuis et quelques autres étaient convaincus qu’une société qui oublie une partie de ses territoires, qui néglige le monde rural et ses agriculteurs ne peut durablement maintenir ses équilibres. Il convenait alors de promouvoir d’autres chemins de développement. Le sol, l’agriculture et les territoires ruraux pouvaient alors être davantage les ferments, les vecteurs et les partenaires d’un projet de société plus équilibré qui saurait relier l’homme à son territoire sans pour autant l’y enfermer.
Ces convictions gardent toute leur modernité. Aujourd’hui, le monde est contraint par des forces financières qui fragilisent chaque jour nos économies, économies qui sont soumises aux fluctuations du commerce et de l’échange marqués par la spéculation, les aléas boursiers et les errements monétaires. La production agricole et alimentaire est alors souvent réduite à une simple matière première, à un simple minerai. Dans ce monde qui se pense désormais de plus en plus dans l’abstraction et le virtuel, qui oublie le temps des saisons pour privilégier celui de l’immédiat, dans ce monde en recherche de solutions nouvelles, la ruralité a un rôle à jouer.
Nous avons voulu donc saisir l’occasion de cet anniversaire pour repenser cette relation qui nous semble féconde entre le sol et la civilisation, entre l’homme et son territoire, en la confrontant au contexte de notre temps et face aux enjeux à venir. Vous pourrez lire dans les pages qui suivent l’essentiel des débats de cette journée anniversaire, ouverte par Jean-Paul Delevoye et conclue par Jacques Delors, un de nos parrains, trois questions ont structuré nos échanges : « Fin ou renouveau des campagnes ? », « Le territoire, acteur du XXIème siècle ? » et enfin « Sol et Civilisation, nostalgie ou projet d’avenir ? ».
Ces éléments qui vous sont communiqués ici sont des extraits et des synthèses des différentes interventions. Vous pouvez néanmoins retrouver l’intégralité des débats et les films qui ont été projetés sur notre nouveau site Internet où vous trouverez par ailleurs une nouvelle base documentaire qui reprend progressivement toutes les publications de notre association.
Au moment où l’on fête ses 20 ans, il est de tradition de faire un vœu. Ce vœu sera simple : que Sol & Civilisation, avec les hommes de bonne volonté qui la composent, avec tous ceux qui la soutiennent, puisse contribuer à favoriser et à accompagner la vitalité des territoires, source d’équilibre de société et d’humanisme. »
Michel Ledru, président de Sol et Civilisation
« Nous avons mené avec le groupe dit de Toulouse de Sol et Civilisation ainsi que des acteurs territoriaux et des personnalités du monde de l’emploi, de nombreuses actions pour explorer une démarche innovante : la Gestion Territoriale des Emplois et des Compétences (GTEC).
Depuis 2008, le soutien du Réseau Rural Français nous a permis d’approfondir nos réflexions, confirmer certaines de nos hypothèses et de promouvoir des pratiques territoriales nouvelles. Ces financements ont rendu possible la création d’une plate-forme internet (www.territoireetemplois.fr) vitrine de pratiques innovantes des acteurs territoriaux en faveur de l’emploi en milieu rural. Par ailleurs, ils ont contribué à la publication d’un ouvrage de capitalisation sur la Gestion Territoriale des Emplois et des Compétences (GTEC), et favorisé des rencontres territoriales suscitant le transfert d’expériences et l’échange de savoirs pratiques. Ces actions sont essentielles pour favoriser l’innovation des acteurs territoriaux et constituent une forme d’accompagnement originale de la dynamique locale.
La Gestion Territoriale des Emplois et des Compétences est considérée par de nombreux acteurs territoriaux de l’emploi comme un levier du développement. Cette démarche nous vient de l’entreprise aussi une adaptation semble nécessaire pour qu’elle soit utilisable par tous. Dans ce travail d’adaptation, il n’existe pas, à l’heure actuelle, de référentiel solide et ce, malgré la bonne volonté des acteurs de s’en emparer. En se saisissant de la question, Sol et Civilisation ouvre la voie à un travail partenarial du local au national et ce, afin de faire émerger les grandes lignes opératoires de la GTEC.
Il existe de nombreuses façons d’aborder la question de l’emploi en milieu rural et la GTEC n’est qu’un vecteur du développement équilibré des territoires aussi, nous avons souhaité dans cette lettre, mettre l’accent sur le sens de ce développement « souhaitable » et vous proposer de lire les contributions des acteurs les plus stratégiques. Il existe bien entendu des nuances parfois importantes entre les contributions des uns et des autres, mais aussi de nombreux points de convergence à souligner comme par exemple la nécessité d’un dialogue territorial élargi ou encore l’anticipation prospective pour mieux s’adapter aux mutations économiques et partager le projet de territoire.
Je voudrais également vous inviter à venir partager nos réflexions sur la dynamique rurale actuelle et à venir à nos Assises qui seront cette année particulière puisque nous marquerons le 29 septembre prochain, notre 20ème anniversaire.
Je vous souhaite un excellent été. »
Michel Ledru, président de Sol et Civilisation
« 2010 fut l’année mondiale de la biodiversité. Sa protection est aujourd’hui reconnue comme un enjeu majeur pour l’ensemble de l’Humanité et un révélateur de la capacité de notre civilisation à répondre en plus des nôtres, aux besoins d’autres espèces. L’immense défi que nous devons tous relever consiste à proposer ensemble un projet de développement équilibré.
À notre échelle, Sol et Civilisation vous propose, dans cette Lettre, d’explorer la thématique de la biodiversité, de l’agriculture et du développement durable, ses leviers et enjeux. Pour ce faire vous trouverez un article de Raphaël Larrère, sociologue et agronome qui s’intitule « Place de l’agriculture, entre nature et culture ». Cet article développe l’exposé qui a été donné lors d’une soirée d’échanges et de débats en Mayenne et que nous avons eu plaisir à co-organiser avec nos partenaires locaux en novembre dernier sur le couple « agriculture-nature ».
Vous trouverez également une contribution de Bernard Chevassus-au-Louis, Inspecteur Général de l’Agriculture sur « la biodiversité, l’agriculture et le développement durable ». Gérard Hanus, directeur du Parc naturel régional de Chartreuse formule, pour sa part, une vision territoriale de cette problématique en réinterrogeant plus globalement l’outil PNR. Dans ce numéro, vous pourrez également lire la synthèse des dernières Assises de Sol et Civilisation.
En outre, nous vous proposons de découvrir une nouvelle rubrique intitulée « Les tribunes libres » avec Gérard de Cafarelli et Michel Ménard. L’un et l’autre sont profondément liés à Sol et Civilisation pour avoir participé à la création de l’Association et pour l’avoir accompagnée, leurs éclairages nous permettent d’aller plus loin sans négliger nos fondements.
À l’issue de cette lecture, nous vous invitons d’ores et déjà à réserver la date du 29 septembre 2011 pour les prochaines Assises de Sol et Civilisation. Elle correspond à la date anniversaire des 20 ans de l’Association et sera l’occasion pour nous tous de poser un regard sur nos actions et nos propositions, tout en mettant en perspective les évolutions des territoires ruraux.
Ce numéro est le premier de l’année que vous recevez de Sol et Civilisation, aussi au nom de toute l’équipe de Sol et Civilisation, j’en profite pour vous souhaiter à tous une excellente année 2011. »
Michel LEDRU, président de Sol et Civilisation
« La relation entre le développement agricole et le territoire vue dans des contextes étrangers, une façon d’interroger les territoires comme des voies d’innovation pour faire face aux crises d’aujourd’hui et en relever les défis…
« Les Assises de Sol et Civilisation sont maintenant proches et auront lieu le 7 octobre 2010 à la Fédération Nationale du Crédit Agricole à Paris. Nous y reviendrons sur la question des territoires comme espace stratégique pour aujourd’hui et demain. Force est de constater que nous vivons dans un monde en crise qui peine à trouver des solutions pérennes, et ce malgré les immenses efforts déployés et les moyens consentis. Chacun est conscient qu’il faut ainsi davantage inventer, innover, tester de nouvelles pistes et repenser la question de notre développement.
C’est, en quelque sorte, ce que nous nous proposons de faire en nous interrogeant précisément sur l’intérêt d’une voie territoriale réaliste et point d’équilibre entre le tout local, protecteur mais sclérosant, et le tout mondial, asphyxiant. Cette voie territoriale n’est pas nouvelle, nous en avons souvent fait écho dans nos colonnes. L’occasion nous sera donnée d’en saisir de nouveau toute l’acuité. Je vous invite à participer à ce débat avec de nombreuses personnalités qui viendront nous livrer leurs analyses et leurs témoignages. Nous avons également le plaisir d’accueillir comme grand témoin Jean-Marie Sander, Président du Crédit Agricole.
Avant d’ouvrir le débat, je vous propose de compléter le thème développé dans notre précédent numéro, « Vers une société gestionnaire du vivant », en nous interrogeant sur la relation entre développement agricole et territoire, et ce en ouvrant sur des contextes étrangers, et de revenir par ailleurs sur un débat que nous avons organisé avec l’Association de Mise en Valeur de l’Espace Rural (AIMVER) à propos de la ruralité, où sont intervenus Bertrand Hervieu (sociologue), Bernard Marchand (urbaniste) et Jean-Claude Bontron (agronome).
Je vous souhaite une bonne lecture et vous donne donc rendez-vous le 7 octobre aux 19èmes Assises de Sol et Civilisation. »
Michel Ledru, président de Sol et Civilisation
« Les modèles actuels de développement basés sur le libéralisme économique, la globalisation et la normalisation généralisée traversent une crise majeure qui en affecte le sens et la signification. Ces modèles ont rempli leur mission, celle de permettre la croissance économique, mais les débordements récurrents, les dérives financières et la perte d’éthique les ont détournés de l’objectif initial : le développement équilibré de nos sociétés.
Ainsi, ces crises ne font que nous indiquer les limites de nos modèles, elles ne portent pas les solutions de demain qu’il nous faut impérativement trouver ensemble. Ces solutions ne peuvent être inventées du jour au lendemain ; elles sont le fruit de recherches, de tâtonnements, d’expérimentations de chaque acteur. Dans ce mouvement général, les territoires ruraux ne sont pas en reste : ils innovent souvent et trouvent ainsi leurs voies entre des économies purement locales et des filières aux ramifications mondiales.
Les 19èmes Assises de Sol et Civilisation, qui auront lieu le 7 octobre prochain, seront l’occasion de mettre en lumière ces innovations. Pour ce faire, nous avons invité des élus, des responsables territoriaux et des chercheurs. Cette journée, que nous souhaitons ouverte, sera l’occasion de nombreux échanges, et nous vous invitons vivement à venir y participer.
Cette Lettre vous propose également de découvrir à travers des exemples concrets un programme de recherche-intervention que lance Sol et Civilisation, intitulé « Gestion du Vivant, Création de Valeur ». Nous ne sommes pas si éloignés de ce premier sujet. Comment, en effet, dépasser les crises écologiques qui nous assaillent dans nos territoires, sur notre planète ? Pouvons-nous maintenir des équilibres tout en permettant le développement ? Pouvons-nous concilier gestion du vivant et création de valeur ?
Je vous souhaite donc une excellente lecture et vous donne rendez-vous aux Assises de Sol et Civilisation. »
Michel Ledru, président de Sol et Civilisation
« Le monde agricole vit, ces dernières années, de profonds bouleversements socio-économiques. La PAC et ses mesures structurelles mises en place pour contrebalancer la libéralisation des marchés agricoles deviennent insuffisantes face aux déséquilibres macro-économiques. Au lieu d’une plus grande régulation des marchés, beaucoup d’Etats font le pari d’un rééquilibrage naturel. Or, ce pari paraît très risqué et les théories ultralibérales qui les sous-tendent sont de plus en plus remises en cause.
Plus globalement, la mondialisation perturbe les économies locales ballottées par les retournements des marchés et fragilisées par les délocalisations. Alors, comment réagir ? Nous restons convaincus que les territoires, ces espaces de projet et de solidarité, peuvent être le creuset d’une autre voie, à la fois performante et adaptative. Ce sera précisément le propos de nos prochaines assises, le 7 octobre. Plusieurs personnalités et des réalisateurs de projets territoriaux ont déjà répondu favorablement à notre invitation et je vous invite d’ores et déjà à réserver votre journée.
Dans cette Lettre de printemps, nous ouvrons la discussion et vous proposons quelques premiers éclairages :
Avec Philippe Ballan, président de l’AIMVER, sont abordés les cas concrets d’imbrication des logiques agricoles dans les logiques territoriales et le partage des intérêts.
Avec Charles Perraud et François Lecallo, vous verrez comment une coopérative est lentement devenue, au fil de l’histoire et par la volonté des paludiers, un acteur clef dans son territoire.
Nous revenons sur les débats organisés ces dernières semaines par les associations locales qui se réfèrent au projet Sol et Civilisation. Avec le groupe Chartreuse, nous nous interrogeons sur la gouvernance des territoires, problématique essentielle si l’on veut des territoires effectivement vivants et entreprenants. Avec le groupe de Camboulazet, nous revenons sur l’intervention de Bertrand Hervieu, qui nous expose une vision éclairante et prospective sur le devenir de l’agriculture dans une société en mouvement.
Je vous souhaite une bonne lecture et vous invite, pour prolonger la réflexion, à découvrir notre dernier cahier qui souligne combien le territoire et le développement durable peuvent former un couple d’avenir. »
Michel Ledru, président de Sol et Civilisation