Sol et Civilisation a organisé conjointement avec Saf agr’iDées un débat  « L’agriculture intra-urbaine, une agriculture comme les autres ? »
Retrouvez les points clés, les contenus des interventions, les photos et toutes les informations relatives à cet agr’iDébat  qui s’est déroulé le 28 septembre 2015 à Paris.

 

Retrouvez également sur ce même sujet le Billet d’Anne-Claire Vial, présidente de Sol et Civilisation  :

« L’agriculture intra-urbaine, une agriculture comme les autres ? »

Le monde s’urbanise à grande vitesse. Entre 1900 et 2000, la population urbaine a été multipliée par vingt alors que la population mondiale quadruplait. Aujourd’hui, 50 % des habitants de notre planète vit en ville, en 2020, ce sera 60 %, probablement 70 % en 2050.  Les défis à relever de cette obésité urbaine sont énormes si l’on souhaite un tant soit peu que notre développement soit durable.

Le temps est peut être venu de retourner la boutade d’Alphonse Allais et de considérer qu’il ne faut plus construire des villes à la campagne mais bien de faire revivre la campagne dans nos villes. Au-delà de la formule, il s’agit de repenser le fonctionnement des espaces urbains et leur relation au vivant : une relation plus transparente, moins prédatrice, plus responsable en somme. Cela concerne d’abord l’articulation et la gouvernance de nos territoires, le rural ne devant pas être l’espace restant mais un partenaire de projet. Cela concerne désormais le cœur des villes qui ne saurait être que « de bitume et de béton ».

Le  fondateur de Sol et Civilisation, Raymond Lacombe, défendait l’idée qu’il ne pouvait y avoir de pays sans paysans, que le rapport des hommes au sol façonnait nos civilisations et que la voie du tout artificiel nous asséchait.  Les villes de demain devront intégrer davantage ces problématiques si elles veulent rester vivables.  Retrouver des sols, retrouver des paysans. Voilà un virage iconoclaste pour des villes qui, pendant longtemps, ont préféré aménager des espaces verts et évacuer leurs « ventres » vers leurs périphéries.

Ce mouvement est à l’œuvre. La question de l’agriculture intra-urbaine, qui en est l’une des manifestations, n’est plus anecdotique ou symbolique.  Fondamentalement, elle ouvre une nouvelle ère urbaine et des projets audacieux fleurissent ici et là. L’enjeu, désormais à court terme, est donc de savoir si, nous, agriculteurs « traditionnels », regardons cela comme un épiphénomène « bobo » ou comme un nouveau défi pour notre Profession. Nous avons le génie de rendre fertile la terre et y compris la plus difficile pour le bien-être des sociétés auxquels nous appartenons. Cette mission prend des nouveaux contours.

La relation « Sol » et « Civilisation », un défi éternel … et bien actuel.

 

 


« Sol & Civilisation est née il y a plus de 20 ans de la volonté de quelques responsables agricoles dont Raymond Lacombe, Gérard de Caffarelli et Henri de Benoist d’encourager un développement fondé sur le rôle de l’homme acteur des territoires et gestionnaire du vivant.
Dans un monde toujours plus urbain et avec des hommes davantage mobiles, nos fondateurs restaient convaincus que le sol était porteur de civilisation et qu’il convenait de l’expliciter avec raison et de le montrer en accompagnant, au mieux de nos moyens, les dynamiques rurales les plus intéressantes.

Ces convictions restent pleinement d’actualité. Ces dernières années, apparaissent de plus en plus fréquentes, des crises de nature diverse, écologique, alimentaire, économique et sociale, financière, qui appellent effectivement d’autres modes de faire et d’agir. Chacun le reconnait d’ailleurs désormais aisément comme l’illustre le succès du terme « développement durable », devenu l’Alpha et l’Omega de toute action et cet ardent désir de campagne qui s’exprime chez nos concitoyens.

Nous restons persuadés que les territoires ruraux ont effectivement un rôle à jouer dans cette recherche de durabilité et de sens. Leur rôle ne doit pas seulement se résumer à la tenue d’un espace et à des productions même reconnues comme essentielles. Ils sont porteurs d’une autre façon d’être ensemble responsable d’un espace où se pensent et s’épanouissent des solidarités entre l’homme et son milieu, entre les hommes eux-mêmes. Ce sont des milieux vivants où se créent de nouvelles valeurs ajoutées individuelles et collectives, locales comme globales. Il serait dommage de penser que seule l’agglomération d’hommes isolés mais néanmoins connectés par des réseaux virtuels sera durablement source d’épanouissement et de richesses. La ruralité porte, en complément de l’urbain, d’autres possibles essentiels.

Fort de nos réseaux et partenaires, avec nos publications et rencontres, riche de nos interventions de terrain, Sol & Civilisation, désormais structurée comme un think-tank tourné vers l’action, s’engage aujourd’hui plus largement dans la promotion de l’innovation territoriale.  Nous restons ainsi convaincus que le territoire ne se réduit pas au « local » ou au « terroir » mais peut être vu comme un espace stratégique pertinent pour dépasser un ensemble de problèmes, que les dynamiques collectives sont vecteur de progrès, et que le « développement durable » tant souhaité n’existe pas en soi mais ne s’exprime pleinement que s’il est porté par des hommes devenus acteurs de leur devenir. Le Territoire et l’Homme, le Sol et la Civilisation ont bien destin lié, hier comme aujourd’hui, aujourd’hui comme demain. »