THÈSES EN COURS
Thèse : « ENTRE HYBRIDATION ET CONFRONTATION, QUELLE CONTRIBUTION DU « RETOUR A LA TERRE » AUX DYNAMIQUES DE TRANSITIONS ET D’HABITABILITE DES TERRITOIRES ? VERS UN NOUVEAU CONTRAT TERRITORIAL ET RURAL – L’EXEMPLE DES PYRENEES ET DU MASSIF CENTRAL » (Intitulé non définitif) – Emmanuelle CORATTI
Ce projet de R&D s’inscrit dans les Axes de travail de Sol et Civilisation, tout particulièrement son Axe 2 « Expliciter le rapport des populations agricoles et rurales à la gestion du vivant en France et dans le monde pour construire de nouveaux équilibres au bénéfice de tous » et son Axe 4 « Oser l’hybridation des différentes formes d’intelligence ».
Il s’agit d’explorer les contributions des néo-agriculteurs et des néo-ruraux dans les territoires et les hybridations qui en découlent mais aussi les confrontations que ces installations ou arrivées suscitent.
Ce projet sera mené en collaboration avec Emmanuelle Coratti, doctorante et déléguée générale de Back to Earth, au travers de sa recherche « Entre hybridation et confrontation, quelle contribution du « retour à la terre » aux dynamiques de transitions et d’habitabilité des territoires ? Vers un nouveau contrat territorial et rural – L’exemple des Pyrénées et du Massif central »
Si ces contributions aux défis des transitions entraînent des confrontations de visions, des conflits d’usage, elles donnent aussi lieu à des hybridations entre projets/visions portées par les néoruraux et les dynamiques locales ancrées dans l’identité territoriale. L’hybridation est en biologie, la clé de l’adaptation. Ces hybridations issues du « retour à la terre », ne seraient-elles pas le nouveau défi des territoires pour s’adapter aux défis des transitions ? Dans son Tous Centaures, Eloge de l’hybridation, la philosophe Gabrielle Halpern décrit bien cette hybridation généralisée, propice à son évolution mais aussi le rejet que peut susciter ce qui n’a pas encore d’identité. Quelles hybridations sont à l’œuvre dans les campagnes ? Quelles conséquences pour les politiques publiques en matière de gestion de l’innovation territoriale ? Comment la gestion des controverses peuvent-elles être des points d’appui pour les acteurs publics pour leurs stratégies de résilience et d’habitabilité, telles que développées dans Vers la résilience des territoires (The Shift Project) ?
Plusieurs hypothèses peuvent être émises pour répondre à cet enjeu :
– Si le retour à la terre dans sa diversité de manifestations propose de multiples innovations permettant de relever le défi des transitions ;
– Ce dernier ne serait souhaitable que si les confrontations auxquelles ils donnent lieu sont correctement gérées et dépassées par les acteurs publics dont le rôle de médiateur territorial, de gestion des divergences d’intérêt et d’animateur de coopérations, devenait majeur dans
les années à venir.
2 axes de recherche seront donc investis puis confrontés pour élaborer une étude approfondie de ce sujet :
• Le premier porte sur les modalités de retour à la terre et les hybridations auxquelles elles
donnent lieu
• Le second axe de cette étude repose sur une étude des confrontations, leurs origines, leurs manifestations, leur cristallisation et leur résolution
Cette étude des facteurs clés de succès ou d’échec d’atterrissage des « néos », nous permettra en perspective d’interroger le rôle des actions publiques et collectives territoriales dans la gestion de ces controverses et l’opportunité que ces dernières présentent pour créer du commun désirable.
Calendrier de réalisation sur les trois années de doctorat :
Année 1
Elle sera consacrée à la recherche et la sélection des sources :
– recherche bibliographiques
– approfondissement des concepts de « retour à la terre », « hybridation », « confrontation », « contrat territorial », « habitabilité des territoires »
– précision du périmètre géographique au sein des vastes Massif central et Pyrénées.
Année 2
Même si le socle bibliographique a été l’objet d’une première attention au cours de la première année, cette seconde période devrait permettre d’une part, de confronter les lectures et les sources mais également permettre d’initier l’élaboration de canevas d’entretiens.
En effet, après avoir dressé la liste des personnes ressources qui seront sollicitées, les entretiens de néoruraux, néoagriculteurs, ruraux et agriculteurs de souche et acteurs politiques locaux permettront de cadrer les clés de succès des hybridations dues au retour à la terre mais également les origines des confrontations qui en découlent.
Ces nouvelles perspectives seront alors proposées à des comités de rédaction de revues ou présentées lors de colloques.
Année 3
La dernière année de recherche sera consacrée à la fois à la finalisation des entretiens mais surtout à la rédaction de la thèse.
Thèse – Les haies comme objet de conception et de dialogue du projet local territorial. Une recherche-action en Ségala Limargue pour engager la transition agri-territoriale
La recherche vise à déplacer le regard sur la place des haies au sein d’un territoire, afin de ne plus regarder uniquement l’élément comme un simple linéaire, mais de l’intégrer à un dialogue constant et étroit avec les espaces et les êtres qui l’entourent. En quoi les haies participent-elles des nouvelles conceptions paysagères auprès des collectivités, des habitants ? En quoi traduisent-elles ou non un attachement des populations ou du monde agricole à une certaine image des espaces ruraux, souvent en référence à des pratiques agricoles passées, parfois comme un outil de réflexion pour répondre aux enjeux du changement climatique ? Quelles conceptions les agriculteurs et les autres habitants des territoires ont-ils d’une « haie en bonne santé » (du « label haies » à « la belle haie », de la « haie utile ou inutile » ?) ? En quoi, derrière le statut accordé aux haies, s’interroge l’enjeu de valoriser des espaces multifonctionnels dépassant leur image de « limite » pour jouer un rôle d’interface ? Au regard des aléas climatiques, quelle reconnaissance ont les agriculteurs et les autres habitants de la haie comme outil d’adaptation individuelle et collective ? En quoi « déplacer le regard sur la place des haies au sein d’un territoire » plus que de permettre de réinsérer des haies dans les parcellaires agricoles peut contribuer à réinsérer les haies dans les projets des agriculteurs ? En quoi « déplacer le regard sur la place des haies
au sein d’un territoire » peut contribuer à faire émerger les conditions et les moyens à réunir pour faire de la gestion durable des haies dans le Ségala lotois un projet d’intérêt commun aux agriculteurs et aux autres acteurs de la société ?
Derrière ces questions plusieurs objectifs seront principalement visés, mobilisant des approches méthodologiques de recherche-action :
– Le premier objectif sera de construire un état des lieux sur les représentations attachées aux haies chez différentes catégories d’acteurs dans le territoire étudié (ici les bassins-versants de la Bave, du Mamoul et de la Cère, affluents de la Dordogne lotoise). En recherchant dans l’état de l’art
scientifique tous les travaux qui ont été produits sur le sujet en géographie, histoire, sociologie, ethnologie, agronomie…, il s’agira de dresser un panorama des verrous sociotechniques identifiés dans la littérature à l’œuvre dans la déconsidération persistante des haies chez certaines catégories d’acteurs et permettant de mieux comprendre les stéréotypes de caractérisation pour ces derniers.
– Le deuxième objectif sera de saisir les perceptions et les pratiques de gestion des haies dans le territoire du Ségala Limargue chez les éleveurs, afin de mieux identifier ce qui pourrait permettre une pratique de gestion plus durable des haies dans le territoire. La place de la haie dans les systèmes agricoles actuels sera étudiée, son fonctionnement sera décrit de manière à identifier quels modèles agricoles actuels (élevage, polyculture élevage, …) intègrent ou maintiennent celle-ci et pour quelles raisons ? Cette phase fera l’objet d’enquêtes à dire d’acteurs dans les exploitations agricoles situées sur les trois affluents concernés par cette recherche. Ces systèmes seront analysés finement pour identifier des pratiques qui pourraient être source d’inspiration pour de futurs modèles d’élevage, d’aménagement du territoire, avec le souci de créer des paysages de qualité. Des entretiens avec les agriculteurs permettront également de comprendre les points forts et difficultés de l’intégration des
haies dans les systèmes agricoles, utilisant ici un travail cartographique de recensement des haies combinant des données quantitatives et qualitatives. Une projection de l’agriculture sur le territoire dans le futur sera abordée pour identifier les systèmes envisageables à l’avenir sur le territoire et la place que la haie peut prendre dans ces systèmes.
– Le troisième objectif sera de confronter les enseignements issus de la phase bibliographique avec ceux issus de la mobilisation de l’expertise des acteurs en situation dans le ségalas lotois dans la perspective d’une cogestion plus durable des haies. Il s’agira ici en s’inspirant de démarches de gestion et de gouvernance mises en œuvre dans d’autres territoires de construire des outils de recherche participante qui offre une gouvernance renouvelée des haies entre acteurs agricoles et non agricoles, entre citoyens, collectifs, associations, mais aussi acteurs de l’entreprise privée. Il s’agira de mieux caractériser les liens qui pourraient être activés pour inventer une gestion partagée de la haie considérée comme un bien commun territorial.
– Le quatrième objectif visera à penser les nouveaux modèles territoriaux de la haie du 21ème siècle. Il s’agira en lien avec les acteurs territoriaux du Ségala Limargue lotois d’impulser les démarches participantes et créatrices qui réinterrogent la place et les fonctions des haies dans le territoire pour appréhender notamment la haie comme un outil d’appui à l’adaptation des effets du changement climatique et la régulation des risques avec notamment dans la gestion de l’eau : inondation, sécheresse, maintien de la biodiversité, des zones humides, cycle hydrologique et plus particulièrement de la qualité de l’eau…. Un déplacement par des démarches mêlant approches d’animation par le paysage et l’art sera privilégiée afin de susciter des régimes d’engagements nouveaux en faveur des haies dans le territoire.
– Un objectif opérationnel complétera cette thèse CIFRE en recherchant les leviers et les freins d’une utilisation et valorisation de la haie dans l’écosystème de l’exploitation agricole, qu’ils soient économiques (filières locales ou plus-values environnementales) ou fonctionnels tout en préservant la ressource et ses actions sur l’eau et la biodiversité. La thèse s’inscrira dans la politique de la coopérative agricole des Fermes de Figeac visant à construire une stratégie de transition des fermes du territoire. L’enjeu des haies sera donc positionné au sein du service R&D de la coopérative avec l’ambition de traduire opérationnellement les outils et connaissances de la thèse dans l’action.
Thèse -Appréhender les relations entre ruralité et vivant : Recherche des conditions et moyens d’ambitions, de stratégies et de modes d’action partageables pour la biodiversité dans les territoires ruraux – Cyrille COBERT
Contexte académique : un audit patrimonial dans le cadre d’une thèse
• Une thèse portée par l’UMR (Unité mixte de recherche) 8079 ESE (Écologie, Systématique, Évolution) intitulée : « La biodiversité, un
patrimoine à gérer par les acteurs du rural ? » menée par Cyrille Cobert et co-dirigée par :
• Nathalie Frascaria-Lacoste, Professeure en Écologie Évolutive et Ingénierie Écologique à AgroParisTech, directrice de l’UMR ESE ;
• Ambroise de Montbel, Ingénieur de recherche et enseignant en Gestion du Vivant et Stratégies Patrimoniales à AgroParisTech, membre de l’UMR ESE ;
• Armelle Mazé, économiste HDR à l’UMR SADAPT (Science Action Développement – Activités Produits Territoires), INRAe, s’intéressant aux
politiques environnementales et aux dynamiques d’action collective.
• Un contrat doctoral porté par AgroParisTech, tutelle de l’UMR, co-financé par :
• l’Institut pour la recherche de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), via une convention avec la Fondation AgroParisTech ;
• L’objet interdisciplinaire C-BASC de l’Université Paris-Saclay.
La restitution de la phase macrosystémique a été réalisée le 1er octobre 2024
THÈSES SOUTENUES
Renouvellement des relations villes-campagnes et transition socio-écologique : quelles perspectives pour le métabolisme ?
Laetitia Verhaeghe, 2021
Thèse de doctorat en Géographie-Aménagement, sous la direction de Sabine Barles et de Antoine Brès – Paris 1.
Laetitia Verhaeghe a présenté et soutenu avec succès sa thèse le 16 décembre 2021, intitulée « Renouvellement des relations villes-campagnes et transition socio-écologique : quelles perspectives pour le métabolisme ? ». Cette thèse est l’aboutissement d’une recherche multi-partenariale menée avec Sol et Civilisation (en CIFRE), la Caisse des Dépôts, France urbaine, la Fondation Avril et l’unité mixte de recherche Géographie-cités. Elle a été réalisée sous la direction de Sabine Barles et de Antoine Brès à Paris 1.
Extrait du résumé de la thèse : « […] En portant son attention sur les flux de matières et d’énergie, et en ancrant ce travail dans le champ de l’écologie territoriale, Laetitia Verhaeghe propose une approche renouvelée de l’étude de ces relations villes-campagnes matérielles et énergétiques via la notion de métabolisme territorial. […]
À la lumière de ce travail, les relations villes-campagnes métaboliques n’apparaissent pas comme une modalité d’action dominante pour les acteurs locaux en réponse aux enjeux de la transition socio-écologique. De plus, la majorité de ces relations répondent aux besoins des villes et peu se matérialisent sous la forme d’un mutualisme, c’est-à-dire d’une mobilisation conjointe des ressources renouvelables des villes et des campagnes pour satisfaire leurs besoins. Enfin, les relations villes-campagnes métaboliques ne contribuent qu’à la marge à la transformation du métabolisme territorial. Loin d’observer un chemin vers la transition socio-écologique selon ces relations villes-campagnes métaboliques, cette thèse révèle plutôt la résistance et la permanence du régime socio-écologique industriel. »
Les compétences spécifiques territoriales : lien invisible entre les entreprises, les actifs et le territoire
Truong Giang Pham, 2018
Thèse de doctorat en Sciences économiques, sous la direction de Francis Aubert, dans le cadre de École doctorale Droit, Gestion, Economie et Politique, en partenariat avec l’Institut national de la recherche agronomique (France). Centre d’économie et sociologie appliquées à l’agriculture et aux espaces ruraux (Dijon) (laboratoire) et de Université de Bourgogne (établissement de préparation).
Construction sociotechnique et relationnelle d’une gouvernance alimentaire territoriale – Étude de cas sur le territoire du Pays de Figeac
Sandrine Fournié, 2016
Thèse de doctorat en Sciences sociales, sous la direction de Marc Barbier et de Yuna Chiffoleau, dans le cadre de École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé, en partenariat avec le Laboratoire Interdisciplinaire Sciences Innovations Sociétés (laboratoire) et de AgroParisTech (laboratoire).
Participation publique et gestions territoriales des eaux en France : à la recherche de nouvelles formes d’implication de la société
Didier Christin, 2014
Thèse de doctorat en Sciences de l’environnement, sous la direction d’Henry Ollagnon, avec l’Université du Québec à Montréal.
En adoptant en 2000 la Directive Cadre Européenne sur l’eau, les États membres de la Communauté Européenne se sont fixés des objectifs ambitieux pour les milieux, en particulier la reconquête du bon état écologique des masses d’eau d’ici 2015 ou 2027. A cette ambition s’ajoute des exigences accrues en termes de participation du public, qui devient un objectif en soit, et d’efficacité économique. Cette triple exigence fait émerger un « problème de l’action » original : comment parvenir à des résultats rapides et ambitieux du point de vue du fonctionnement des milieux aquatiques à coûts politiques et économiques acceptables? Résoudre cette difficile équation est au cœur de l’action d’un acteur clé de la gestion de l’eau en France, l’agence de l’eau. A l’analyse, il apparaît que les politiques publiques de l’eau ne peuvent pas façonner et stimuler une amélioration durable de la gestion de l’eau et des milieux aquatiques sans une réelle implication des acteurs, de la société. Or, « l’implication active » effectivement attendue des dispositifs participatifs issus des politiques publiques de l’eau et sur lesquels repose une grande partie de la capacité d’action de l’agence de l’eau n’est pas réellement recherchée. Les travaux menés sur la « gestion territoriale des eaux », gestion initiée et portée par des communautés d’acteurs dans leurs territoires de vie, laissent entrevoir des pistes prometteuses pour l’action. Pour autant, ces dynamiques territoriales sont difficiles à faire émerger, difficiles à faire coexister aux côtés des politiques publiques de l’eau et donc difficiles à faire converger avec elles. Il apparaît alors qu’un niveau d’organisation, le « méso », de même qu’une modalité pour l’action, l’action en commun, ont été désinvestis par nos sociétés démocratiques, ce qui nuit et limite toute velléité « implication active » de la société dans la gestion de l’eau. Réinvestir devient de fait enjeu crucial pour le devenir des milieux aquatiques, des politiques publiques de l’eau comme de nos sociétés démocratiques.
La facilitation stratégique au service de la gestion du vivant : définition, objectifs, savoir-faire et savoir-être du facilitateur externe
Elise Levinson, 2014
Thèse de doctorat en Sciences politiques et gestion du vivant, sous la direction d’Henry Ollagnon.
Les réalités du vivant traversent les propriétés publiques et privées, s’influencent mutuellement, sont modifiées par l’Homme, si bien qu’apparaissent, du local au mondial, des situations inédites. Ces « crises » mettent de multiples acteurs, publics et privés, face à des phénomènes qui deviennent, pour eux, des « problèmes de gestion du vivant ». Au-delà de considérations morales, c’est de la peur de l’extinction de l’humanité dont il s’agit, et de trouver des moyens d’action pour concilier les enjeux économiques, écologiques et sociaux de nos sociétés, dans ce que l’on appelle un « développement durable ». Il est question de tenir compte de la complexité du vivant, toujours plus grande, et cela appelle des innovations politiques. Dans ce contexte se développe la tendance lourde de la « participation », ainsi que, depuis plus de vingt ans, l’ « approche patrimoniale ».