Le 29 septembre 1991, le « Dimanche des terres de France » bat son plein dans les rues de la capitale. Sur l’initiative de Raymond Lacombe, alors président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), plus de trois cent mille ruraux viennent à la rencontre des Parisiens dans une ambiance festive. A la fin de la manifestation, Raymond Lacombe résume :
« J’en appelle aux gens des villes de prendre cette main tendue aujourd’hui et de la croiser avec nous. La France rurale forte est indispensable à la santé et à l’équilibre de notre pays. »
Sol et Civilisation est née dans la continuité de cette grande journée, par l’initiative de responsables agricoles qui ne pouvaient se résoudre à voir la ruralité devenir une périphérie, et l’agriculture une activité déclassée. Fiers de leur campagne et de leurs métiers, mais aussi lucides sur les travers d’un monde qui s’écarterait trop de ses sols et qui négligerait une partie de ses territoires, ces responsables voulaient faire entendre une autre voix, une autre pensée : celle d’un monde qui relie plus qu’il n’oppose, qui met en synergie plus qu’il ne segmente – les espaces comme les êtres humains. Avec une question de fond : comment construire l’unité par et au-delà de nos diversités ?
Nos fondateurs ne souhaitaient pas défendre la ruralité pour la ruralité, l’agriculture pour l’agriculture. Ils cherchaient avant tout à faire entendre les risques associés à l’uniformisation croissante de notre société, à notre façon de plus en plus monocolore d’habiter l’espace, de penser le vivant, et de poser les problèmes. Ils avaient l’intuition que le monde rural était, avant d’être utile, une altérité essentielle et qu’il fallait avec lui repenser notre façon d’être ensemble et de coopérer – bref, de faire civilisation.
» Le Territoire et l’Homme, le Sol et la Civilisation ont bien destin lié, hier comme aujourd’hui, aujourd’hui comme demain. »
Raymond Lacombe, fondateur de Sol et Civilisation
Sur ces fondements, Sol et Civilisation a d’abord développé des publications, des colloques et recherches pour faire résonner une tonalité différente : loin d’être un espace du passé, la ruralité est un creuset d’innovations pour le bien de tous ; loin d’être une source de problèmes, l’agriculture est une activité porteuse de solutions pour nos sociétés.
Au fil des années, Sol et Civilisation est devenue un lieu de rencontre, de réflexion et d’intervention en recherche-action sur des questions de développement durable des territoires. Elle promeut le fait que l’équilibre de nos sociétés repose sur la complémentarité entre les villes et le monde rural, et que le développement d’un territoire dépend largement de la capacité des femmes et des hommes à être les sujets de leur propre action.